Brexit, un deuxième référendum

Lorsqu’ils ont entendu le résultat du référendum sur le Brexit ce 24 juin 2016 aux aurores, ils ont reçu un coup de poing en plein plexus. Quitter l’Union européenne (UE), comme ça, sur un vote ? Impossible. Ils n’y croyaient pas. La plupart ont voté pour rester dans l’UE, mais certains ne se sont pas déplacés – pas motivés, pas assez inquiets ou trop jeunes pour mettre un bulletin dans l’urne – et d’autres ont voté Brexit pour revendiquer leur identité « so British » en pensant que le vote « Leave » (« sortir ») ne passerait… jamais. Tous veulent une deuxième chance, un deuxième référendum, un deuxième vote. Et, alors que le sommet européen des 17 et 18 octobre s’est achevé sans accord sur les conditions de la sortie du Royaume-Uni de l’UE, ils se rassemblent ce samedi 20 octobre pour une grande marche dans Londres. Peter Cook, un consultant devenu activiste qui ne quitte pas son t-shit « Fuck Brexit », affirme, résolument optimiste : Qui sont ces militants de People’s Vote ? A quoi ressemblent-ils ? Comment se mobilisent-ils ? Ont-ils une chance d’obtenir gain de cause ? « L’Obs » les a rencontrés. Brexit : 4 questions sur l’impasse entre Theresa May et l’UE « Every step you take, I’ll be watching you » Près de la station de métro Tower Hill, à l’heure de la sortie des bureaux, Peter Cook et son groupe de musique Rage Against the Brexit Machine (un clin d’œil au groupe de rap metal américain, Rage Against the Machine) attirent les regards et les sourires des passants. Passionné de management et de rock, ce consultant a décidé de combattre le Brexit avec le sourire. Pour ouvrir la discussion – c’est comme cela que nous l’avons rencontré -, il a customisé ses t-shirts blancs : « Fuck Brexit » d’un côté, « Bollocks to Brexit » de l’autre. Son opinion est claire. Pour son groupe, ce sont les grands tubes britanniques qu’il a réécrits, comme ce « Space Oddity » de David Bowie devenu « Brexit Oddity », Major Tom appelant Theresa May, la Première ministre britannique, pour lui demander d’arrêter le compte à rebours ! Ce jour-là, Peter Cook joue pour convaincre les Londoniens de venir en masse à la marche de ce samedi et réclamer un deuxième vote. Il leur présente aussi sa dernière création. Une « chanson poignante », prévient-il : « In Limbo », qui mixe toutes les langues de l’Europe. Signe pour lui de la popularité de sa cause, elle se vend bien sur Amazon : Une fois la ruée vers le métro passée, le groupe se dirige vers le 10, Downing Street et se plante devant les bureaux de Theresa May pour lui jouer sa chanson préférée : « Dancing Queen », de Abba. Peter Cook sait qu’il agace la chef du gouvernement mais ne renonce pas pour autant. Il veut faire passer deux messages : considérez la possibilité d’un nouveau vote et nous surveillons étroitement la négociation avec Bruxelles et les fausses promesses du Brexit. Pour que Theresa May comprenne que les opposants au Brexit, qui ont sans doute raté la campagne référendaire, ne se tairont plus, le consultant lui a chanté la chanson de Police : « Every step you take, I’ll be watching you” (‘je surveillerai chacun de tes pas’) », fredonne-t-il en rigolant. Il raconte.